Violences faites aux femmes et aux enfants en Guinée : Société civile et membres de la chaîne pénale instruits


Comment rapprocher la justice des justiciables à travers un renforcement des capacités des acteurs de la chaîne pénale et de la société civile. Telle est la problématique que l’Association COGINTA et ses partenaires à savoir l’Organisation Guinéenne de Défense de Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH), Mêmes Droits pour Tous (MDT) et Avocats Sans Frontières France (ASFF) ont à coeur de répondre. Ainsi près de deux cents acteurs du monde judiciaire et de la promotion des droits humains bénéficieront des formations portant sur huit modules dont les violences basées sur le genre (VBG), les droits des enfants, le plaidoyer, la médiation/conciliation, le droit pénal et procédure pénale. Du 22 au 26 août 2022, Murielle Baugniet et M. Bayo, formateurs experts de Avocats Sans Frontières France, ont épluché les modules concernant les VBG et les droits des enfants.

C’était au centre de formation judiciaire de Kaloum en présence de Marguerite Tewa Camara, directrice Pays COGINTA, coordinatrice du Paraj (Projet d’Appui au Renforcement de l’Accès à la Justice des personnes les plus vulnérables en Guinée).

Ce projet s’étale sur une période de 30 mois (novembre 2020 à mai 2023) et est financé par l’Union Européenne à hauteur de 1 million 750 mille Euros. Marguerite a encouragé les participants à véritablement s’approprier les contenus de ces formations et à les mettre en application dans leur pratique professionnelle quotidienne. « Fixons-nous pour vision l’éradication des violences faites aux femmes et la maltraitance des enfants.

Cela semble être aujourd’hui une gageure, qu’il faut pourtant atteindre si nous voulons un corps social plus sain et épanoui », encourage la coordinatrice. A la lumière des conventions, textes de lois nationaux et internationaux, les formateurs ont mis le doigt sur la qualification juridique des faits et les règles et procédures juridiques appropriés face aux différents cas de violation des droits humains, précisément des femmes et des enfants. Concernant les VBG, l’excision, le viol, les violences conjugales et leurs conséquences ont été identifiés.

Le séminaire s’est déroulé dans une ambiance participative parfois houleuse avec des praticiens avocats, magistrats et défenseurs des droits humains suffisamment conscients de leurs droits et devoirs, tous ayant à cœur une société guinéenne moins encline à la violence, à l’injustice et à l’impunité.

Pour Maître Houleymatou Bah, avocate participant au séminaire, « l’on se sent presqu’impuissant aujourd’hui en Guinée face au déni de justice. Il faut une réelle volonté étatique face à ce recul », estime-t-elle. De façon consensuelle, les participants ont mis à l’index plusieurs facteurs qui enrhument, selon eux, l’appareil judiciaire. Lourdeurs administratives, pesanteurs socioculturelles et tabous, manque de moyens, déni de justice, manque de conscience professionnelle et incivisme figurent parmi ces difficultés.

Par ailleurs, des recommandations à l’endroit des décideurs publics et privés dans le sens d’une justice de proximité emprunte d’humanité, d’équité et de professionnalisme ont été élaborées.

B. Lynx

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