Excellence,
Nous avons suivi avec grand intérêt, votre déclaration de politique générale à l’Assemblée Législative de Transition, le samedi 19 novembre 2022 et nous vous adressons toutes nos félicitations pour le vote de confiance que vous avez obtenu à l’issue de cet exercice.
Excellence,
En réponse à la question posée par l’honorable Bénédicte BAYILOU, relative à la stratégie du gouvernement pour la mise en œuvre des résolutions 1325 et 2250 de l’agenda femme, paix et Sécurité au Burkina Faso", et des autres questions relatives à la représentation du genre et des commentaires qui s’en sont suivis, vous avez dit et nous vous citons : « Il faut que les femmes méritent leur place, Il faut qu’elles acceptent aussi le combat, c’est une
question d’engagement aussi ».
Nous avons été, à l’instar de nombreux burkinabé, surprises et choquées par vos propos assez ironiques sur le genre, le mérite des femmes et leur niveau d’engagement dans la vie de la nation.
Excellence,
Le but ultime de l’approche genre est de promouvoir la justice sociale, sans distinction de sexes. Elle vise à ainsi offrir les mêmes opportunités aux hommes et aux femmes de s’épanouir, de valoriser leurs potentialités et de contribuer au développement de la nation.
L’existence d’une politique nationale genre depuis 2009 et d’une stratégie nationale genre (2020-2024) témoigne de l’importance que notre nation accorde à cet enjeu de développement humain durable. De même, le Burkina Faso a inscrit l’égalité entre les hommes et les femmes dans le préambule de la loi fondamentale et également le genre et l’équité dans les missions, valeurs et principes de la charte de la transition.
L’engagement des femmes et leur contribution à la vie de la nation ne font aucun doute.
Le Président Thomas Sankara, dont les idéaux vous inspirent, les avait lui-même
reconnus et magnifiés.
S’il est vrai que nul ne peut se targuer d’avoir suffisamment fait pour son pays, nous pouvons vous rassurer, Excellence, que la contribution des femmes n’est pas des plus négligeables. Elles sont, en effet, actives sur tous les fronts et souvent en première ligne.
En guise d’exemple, dans le secteur agricole, poumon de notre économie, les femmes assurent 75% de la production alimentaire malgré leur accès limité à la terre et aux ressources productives et le poids de certaines contraintes socioculturelles. On note que 16 % des ménages, soit 626 864 ménages, sont dirigés par des femmes (RGPH, 2019).
Dans de nombreuses zones en proie à l’insécurité, les hommes ont été contraints de déserter les villages et ce sont les femmes, qui avec courage, bravent au quotidien de nombreux risques pour la survie des ménages, parfois au prix de leur propre vie.
De nombreuses organisations féminines, souvent avec peu de ressources, sont à pied d’œuvre sur le terrain, dans :
L’apaisement des tensions et le renforcement de la cohésion au sein des
communautés,
L’assistance au relèvement psychosocial et économique des femmes affectées par les violences,
La lutte contre la malnutrition des enfants déplacés,
L’animation d’espaces temporaires d’apprentissage pour maintenir le contact des enfants avec l’école, etc.
Sur le terrain, les actions des organisations féminines impactent les vies des
communautés, même si elles sont peu médiatisées. Nous comprenons donc que, du fait de cette faible médiatisation, cette contribution soit si peu reconnue et valorisée par les plus hautes autorités politiques de notre pays.
C’est pourquoi, par la présente, nous venons exprimer notre désapprobation de ces propos qui ne reflètent pas la réalité du mérite des femmes burkinabè et de leur engagement dans le développement de notre pays.
Excellence,
Nous vous assurons de notre disponibilité à venir présenter à votre gouvernement un échantillon des initiatives que nos organisations déploient sur le terrain afin de vous permettre de mesurer à sa juste valeur notre engagement au service de notre nation et la portée des impacts que nous générons au quotidien dans nos communautés. Cette rencontre sera l’occasion d’explorer ensemble les voies et moyens pour renforcer et mieux rendre visible la contribution des femmes dans la gestion des défis majeurs auxquels est
confrontée notre nation.
Recevez, Excellence Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre haute
considération.
Coalition des Organisations Féminines signataires :
Association des Femmes pour la Protection de l’Environnement du
Koulpelogo ;
Association des Femmes Artistes Musiciennes du Burkina Faso (ABFAM) ;
Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC) ;
Association Femme et Vie ;
Association Femmes Action Réveil (FARE) ;
Association pour la Paix et les Droits Humains ;
Cadre de Concertation des Organisations et Acteurs intervenants sur la
Participation citoyenne des Femmes au Burkina Faso ;
Centre de Recherche et d’intervention en Genre et Développement (CRIGED) ;
Conseil des Femmes du Burkina (CFB) ;
FEGI-NDI ;
Genit Care Africa :
REPROFAB ;
Réseau des Amazones de la Cohésion Sociale ;
Réseau des Femmes Engagées pour une Gouvernance Inclusive
Réseau des Femmes pour la Réconciliation Nationale, la Cohésion et l’Equité
Sociale (REFERENCES) :
Signorta des Femmes de la Bougouriba.
Ampliations :
Ministère de la Solidarité, de l’Action
Humanitaire, de la Réconciliation nationale,
du Genre et de la Famille
Archives chrono
Pour la Coalition des
Organisations Féminines
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