Contres les biais de genre dans la tech, des militantes 2.0

« La technologie a-t-elle un sexe » ? Le questionnement date de 2013, à l’issue d’un reportage dans les milieux hackers de Copenhague avec des reines du code informatique. Elles étaient quatre, dans la trentaine, évoluant au milieu d’un océan d’hommes. La rencontre avec ces expertes buveuses de Red Bull, grimées comme Lisbeth Salander – l’héroïne de la saga Millénium – fut déterminante. Pour la première fois, j’ai pris conscience que le réseau – de même que les outils numériques de mon quotidien – avait un genre. Le mien. Rien de bien surprenant. Internet et ses algorithmes sont conçus en majorité par des hommes blancs hétérosexuels et américains. Ils bâtissent ainsi des technologies à leur image. Malgré cette évidence, je n’avais pas pris pleinement conscience des biais existants.

Les codeuses copenhaguoises m’ont ouvert les yeux. C’est d’ailleurs la mission éducative qu’elles se sont donnée. A leur échelle, elles cassent la technologie, la triturent pour en révéler les travers de genre et de sexe. Elles la détournent surtout pour en faire des objets et des outils au service d’un féminisme dit « technologique ». Une approche, vais-je le découvrir plus tard, qui essaime aux quatre coins du monde, de manière plus ou moins organisée. A l’instar de Micah Elizabeth Scott. L’Américaine a d’abord fait carrière dans l’industrie du logiciel avant d’embrasser le monde de l’art. Celle qui ne cache pas souffrir d’une dysphorie de genre explore sans cesse les frontières entre la technologie, l’humain et la société.

Hacker le plaisir féminin
En 2012, Micah Elizabeth Scott attire l’attention médiatique avec son projet Hacking My Vagina, genèse de son insatisfaction à l’encontre de son vibromasseur. L’Américaine s’entête alors à l’améliorer avec des outils open source comme Arduino. Ce kit de démarrage pour l’électronique, développé en Italie, donne la clé à toute une technologie comme la domotique (le contrôle des appareils domestiques) ou le pilotage à distance d’un robot. Il permet à Micah Elizabeth Scott non seulement de contrôler son sex-toy à distance, mais également de le faire interagir selon les stimuli et les sensations de son propre corps. En résumé, l’Américaine a développé un vibromasseur personnalisé. Une prouesse qui ouvre la porte à d’autres recherches sur le plaisir féminin.
Mehdi Atmani
Publié mercredi 18 novembre 2020

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